Sécurité nucléaire

Japon : 85 % des réacteurs ont été stoppés

Sécurité nucléaire

par Agnès Rousseaux

Dans la nuit du 7 au 8 décembre, le réacteur n° 2 de la centrale nucléaire de Mihama, au Japon, a été arrêté, à la suite de fuites d’eau dans le système de refroidissement. Selon l’opérateur, Kansai Electric Power, aucune fuite radioactive ne serait à signaler à l’extérieur de la centrale. Ce réacteur devait être arrêté pour maintenance le 18 décembre [1].

Le lendemain, l’Agence de sécurité nucléaire du Japon a annoncé une fuite de 1,8 tonne d’eau radioactive dans le réacteur n° 3 de la centrale de Genkai. Celui-ci était à l’arrêt pour maintenance quand le problème, dont les causes sont encore inconnues, a été détecté. Ce réacteur fonctionne à partir de combustible MOX, fourni par Areva. Aucun risque pour la sécurité, affirme l’opérateur, le groupe Kyushu Electric Power, qui a pourtant annoncé un problème de pompe, sans évoquer d’emblée la fuite d’eau. Un défaut d’information qui a pour le moins irrité les autorités locales. Le mois dernier, l’opérateur avait redémarré le réacteur n° 4 de cette centrale, qui s’était automatiquement stoppé quelques semaines plus tôt à cause d’une anomalie dans un condenseur de vapeur.

Sur les 54 réacteurs nucléaires du Japon, 46 sont désormais à l’arrêt, soit 85 % du parc nucléaire. Depuis le tsunami et la catastrophe de Fukushima, la plupart ont été stoppés pour des tests ou pour maintenance. Face à l’opposition des habitants, aucun gouverneur de région ne veut prendre la responsabilité de redémarrer les réacteurs, malgré les pressions du gouvernement et des opérateurs. Et face à l’accumulation de problèmes, les réacteurs restants pourraient être stoppés prochainement. À ce rythme, le Japon sera sorti du nucléaire avant le printemps. Mais entre gestion des conséquences de la catastrophe de Fukushima et déconstruction des centrales, il faudra encore plusieurs décennies – voire des siècles ou des millénaires – pour que le nucléaire ne soit plus qu’un vestige du passé.

Notes

[1En 2004, une fuite de vapeur non radioactive dans un bâtiment du réacteur numéro n° 3 de cette centrale a causé la mort de 5 personnes. 885 tonnes d’eau se sont échappées d’une canalisation rongée par la corrosion, non conforme aux normes de sécurité. Source : Citizen’s Nuclear Information Center, Tokyo (CNIC).