Manifestations

Hongrie : le gouvernement est accusé de harceler la société civile

Manifestations

par Sophie Chapelle

Des centaines de personnes ont défilé ce 13 septembre dans les rues de Budapest, en Hongrie. Les ONG à l’initiative de cette mobilisation dénoncent le harcèlement pratiqué par le gouvernement de droite de Viktor Orbán à l’encontre des ONG financées par un Fonds norvégien pour la société civile. Ce Fonds soutient entre autres des défenseurs de la démocratie comme l’organisation de lutte contre la corruption Transparency International Hongrie. De son côté, le gouvernement accuse Oslo d’interférer dans les affaires politiques hongroises en finançant des organisations de la société civile.

Mi-juin, l’Union hongroise pour les libertés civiles, une organisation de défense des droits des femmes, ainsi que Transparency International, K-Monitor et Atlatszo (trois organisations anti-corruption) ont reçu des lettres du Bureau de contrôle gouvernemental en charge des inspections financières, pour leur demander de fournir des informations sur leurs activités financées par des fonds norvégiens [1]. Une ligne rouge a été franchie le 8 septembre lorsque la police hongroise a perquisitionné les bureaux de plusieurs ONG, dont les fondations Ökotárs et DemNet. « Le gouvernement voudrait contrôler l’aide financière versée aux ONG soit environ 13 millions d’euros et voit ces associations comme le vivier de l’opposition de gauche », rapporte RFI.

Près de 150 organisations européennes viennent de lancer une lettre ouverte pour exprimer leur solidarité avec la société civile hongroise. Elles dénoncent « la tentative [du gouvernement Orbán] d’imposer le contrôle de l’État sur l’activité des ONG », et fustigent « une violation directe des libertés fondamentales et des principes de l’Union européenne ». Les signataires demandent à la Commission, au Parlement et au Conseil européen « de prendre les devants en entreprenant à la fois des efforts diplomatiques et des mesures efficaces en vue d’empêcher la remise en cause des valeurs démocratiques dans un État-membre de l’Union européenne ».

Rappelons que la nouvelle Commission européenne comptera un digne représentant de la droite conservatrice hongroise : l’ancien ministre hongrois Tibor Navracsics, membre du très réactionnaire parti Fidesz s’occupera de l’éducation, de la culture, de la jeunesse et de la citoyenneté (lire ici)… Les ONG demandent notamment la mise en œuvre des mesures prévues par l’article 7 du Traité de Lisbonne qui donne la possibilité au Parlement européen de prendre des sanctions contre un État membre en cas de violations de droits fondamentaux. Il est encore possible pour les organisations de signer la lettre ouverte en cliquant ici.