Agriculture industrielle

Ferme-usine des 1000 vaches : levée du blocus mais poursuite du boycott sur le lait

Agriculture industrielle

par Sophie Chapelle

L’agitation a été vive ces derniers jours autour de la ferme-usine des 1000 vaches dans la Somme. Après l’arrivée nocturne le 13 septembre des 150 premières vaches, Novissen, une association locale, décide de bloquer les entrées du site. Sur place, elle reçoit l’appui de la Confédération paysanne, également opposée à ce projet d’élevage industriel d’une dimension sans précédent en France (nos précédents articles). Le blocus a finalement été levé le 16 septembre, suite à une réunion de crise au ministère de l’agriculture.

« Ce projet ne correspond pas au modèle d’exploitation promu par le Ministre dans la loi d’avenir pour l’agriculture », a tenu à rappeler le directeur de cabinet de Stéphane Le Foll. A l’issue de cette réunion, promoteurs de l’usine et opposants sont arrivés à un premier compromis : le méthaniseur ne brûlera plus des déchets industriels provenant des alentours, comme prévu initialement, mais seulement des déchets issus de l’usine, les bouses de vaches en l’occurrence. Sa puissance doit ainsi être ramenée à 0,6 mégawatts, contre 1,4 MW initialement. Et la demande d’autorisation au-delà de 900 vaches serait automatiquement assortie d’une nouvelle enquête publique [1]. Pour Novissen, c’est « une avancée importante dans le sens de ses revendications » [2]. Mais, ajoute l’association, « la lutte contre l’industrialisation à marche forcée de l’agriculture continue ».

Menaces de boycott

Les opposants ne désarment pas. Une campagne collective (voir la vidéo) a été lancée contre l’entreprise Senoble suspectée de collecter le lait de la ferme-usine. Le groupe français de produits laitiers frais et de desserts détient avec le groupe normand Agrial, la coopérative Senagral. Cette dernière a déjà signé pour l’achat de trois millions de litres auprès de la ferme-usine, sur les 10 millions qui devraient être produits chaque année, rappelle Challenges.

Suite à la réception de milliers de courriels transmis par l’association Agir pour l’environnement [3], le PDG de Senoble International se défend vigoureusement : « Quant aux marques de distributeurs, mon groupe n’est pas décisionnaire sur le sujet, n’étant que minoritaire au sein de la filiale Senagral qui les fabrique. C’est le groupe coopératif Agrial qui est majoritaire et qui a la maîtrise opérationnelle de la collecte de Senagral » [4]. Ce que conteste la Confédération Paysanne : « Agrial n’ayant pas de circuit de collecte dans la Somme, c’est donc forcément le groupe Senoble qui collecte le lait des Mille vaches pour le compte de Senagral », confie Pierre-Alain Prévost à Reporterre.

Alors que les opposants promettent de redoubler de vigilance, neuf militants de la Confédération paysanne seront par ailleurs jugés au tribunal correctionnel d’Amiens le 28 octobre suite à une action de démontage de la salle de traite le 28 mai (notre article). Le syndicat entend profiter de cette journée pour faire entendre les voix en faveur d’ « une agriculture relocalisée à taille humaine et respectueuse de l’environnement ».

Notes

[1Le Ministère précise : « de 500 à 899 vaches : il appartiendra à la préfecture d’évaluer le caractère substantiel des modifications envisagées au regard notamment des impacts environnementaux et sanitaires, et d’évaluer sur ces bases la nécessité d’une nouvelle enquête publique ».

[2Voir ici

[3Voir ici