Désobéissance

Etats-Unis : violente répression des Sioux opposés à un projet d’oléoduc

Désobéissance

par Sophie Chapelle

117 manifestants ont été arrêtés le 27 octobre par la police du Dakota du Nord, près du chantier controversé d’un oléoduc, le « Dakota Access Pipeline ». Depuis le 1er avril, un camp de résistance a été établi par des tribus amérindiennes et des militants écologistes sur un terrain privé acheté 18 millions de dollars par la société exploitante [1]. Les Sioux de la réserve de Standing Rock assurent que ce terrain, sur lequel l’oléoduc doit passer, est « sacré » et leur a été transmis par un traité conclu en 1851. Jeudi, plus de cent policiers protégés par des véhicules blindés et des équipements militaires sont intervenus pour déloger les opposants qui bloquaient deux routes.

Malgré les recours juridiques, la construction de l’oléoduc a débuté en mai 2016. Il doit traverser quatre États américains et acheminer le pétrole extrait dans le Dakota du Nord, à la frontière canadienne, jusque dans l’Illinois, plus au sud. La tribu indienne considère que l’oléoduc menace ses sources d’eau potable ainsi que plusieurs nécropoles. Ses représentants ont demandé au président Barack Obama d’intervenir pour stopper le chantier et lancer une enquête sur « les exactions des forces de l’ordre sur le site », déclare Sue Evans, une des porte-paroles. Il y a deux semaines, la Maison Blanche avait demandé le gel du chantier, dans un souci d’apaisement, et ce malgré la décision antérieure d’un juge autorisant la poursuite des travaux. Le chantier a cependant redémarré le 11 octobre.

 Lire le récit de Winona LaDuke, militante et femme politique amérindienne

Face à l’arrivée des forces de l’ordre, les manifestants ont brûlé des pneus. Plusieurs coups de feu ont été tirés, une personne a été blessée à la main. Le face à face entre les occupants et la police a duré plusieurs heures avant que les autorités ne procèdent à de nombreuses arrestations. « Les forces de l’ordre ont répondu de façon disproportionnée », selon le président de la tribu, Dave Archambault, dans un communiqué le 27 octobre au soir.

North Dakota Deploys Armed Forces to Force Dakota Access Pipeline Onto Treaty Land from Unicorn Riot on Vimeo.

Le projet d’oléoduc s’invite dans la campagne électorale américaine. Dans une enquête publiée le 26 octobre, The Guardian fait état des liens financiers étroits entre Donald Trump et Energy Transfer Partners, la société exploitante de l’oléoduc Dakota Access [2]. Kelcy Warren, le directeur général de la compagnie, a donné un peu plus de 100 000 dollars à la campagne de Trump et 67 000 dollars au Comité national républicain. Donald Trump aurait pour sa part investi entre 500 000 et un million de dollars dans la compagnie Energy Transfer Partners, et une somme similaire dans la société Phillips 66 qui bénéficiera de 25 % de parts dans l’oléoduc, une fois sa construction achevée. Les opposants au projet ont par ailleurs envahi le siège de campagne d’Hillary Clinton le 27 octobre, en lui demandant de prendre position. Seule la candidate du parti Vert, Jill Stein, a pour l’heure affiché son soutien aux Sioux de la réserve de Standing Rock.