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L’Allemagne renforce sa sécurité contre les menaces djihadistes et de l’extrême droite

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par Rachel Knaebel

Lundi soir, trois jours après les attaques de Paris, environ 10 000 personnes ont encore une fois défilé dans la ville allemande de Dresde à l’appel du mouvement islamophobe Pegida. Le rassemblement n’était pas plus massif que les semaines précédentes. Mais comme après les attentats des 7 et 9 janvier, les organisateurs de Pegida se sont immédiatement saisi du massacre de Paris pour attiser les haines racistes et anti-réfugiés.

Ils ont vite commencé à faire le lien sur leurs réseaux entre les attentats parisiens de vendredi et la politique de relative ouverture de l’Allemagne face aux réfugiés syriens, afghans, irakiens et érythréens. Les premiers résultats des enquêtes font pourtant état d’assaillants français et belges, et d’un homme qui serait passé par la route des Balkans après son enregistrement en Grèce, mais dont la véracité du passeport syrien retrouvé près de son corps, à l’entrée du Stade de France, n’est pas établie. L’extrême droite allemande n’a de toute façon pas attendu que les autorités apportent quelques éléments sur l’identité de certains des membres du commando pour stigmatiser les réfugiés. La porte-parole du nouveau parti de droite populiste et xénophobe AfD a ainsi écrit sur son profil Facebook dimanche : « Ouvrir portes et fenêtres est une invitation au crime. Ouvrir grand les frontières a le même effet. »

Le même genre d’arguments avait été lancé dès le lendemain des attaques meurtrières par des membres du parti de droite bavaroise CSU, membre du gouvernement de Merkel. Cela fait des semaines que la droite de Merkel demande la fermeture des frontières allemandes face aux milliers de demandeurs d’asile qui continuent d’arriver dans le pays.

Dans cette atmosphère, le ministère de l’Intérieur allemand a annoncé samedi un renforcement de mesures anti-terroristes et de sécurité en Allemagne, non seulement en direction de la mouvance islamiste radicale, mais aussi pour se prémunir d’éventuelles actions violentes perpétrées par l’extrême droite. « Nous surveillons de très près les islamistes qui nous sont connus et leurs sympathisants, mais aussi les groupes d’extrême droite, qui pourraient réagir à de telles attaques », a indiqué le ministre.

« De nombreuses personnes cherchent protection et sécurité en Europe. Nous ne devons pas leur faire payer le fait qu’ils viennent de la région depuis laquelle la terreur nous est arrivée. Nous nous devons de les protéger eux aussi », a insisté le social-démocrate Sigmar Gabriel, lui aussi membre du gouvernement. Depuis le début de l’année, la police criminelle a comptabilisé des centaines d’agressions commises contre des foyers de demandeurs d’asile à travers l’Allemagne, dont des dizaines d’incendies.