Post-colonialisme

Du Vietnam aux Antilles en passant par l’Afrique et les Amériques : débats publics sur ce Mai 68 « élargi »

Post-colonialisme

par Collectif

Mai 68 ne s’est pas seulement déroulé dans le Quartier latin ou les usines Renault de Flins. A l’occasion des 50 ans de cet événement historique, une série de rencontres publiques revient sur les origines de ce mouvement qui a traversé la planète, sur ses courants de pensées et ses acteurs, de la place du travail aux luttes de libérations. C’est du 2 mars au 14 avril 2018, pour comprendre les héritages politiques actuels des mobilisations mondiales émancipatrices des années 1965-1973.

Mai 68 en France a été l’épicentre d’une période révolutionnaire largement mondiale, du Vietnam au printemps de Prague, à l’agitation des étudiants polonais, à la révolte de la jeunesse pakistanaise, au mouvement antiguerre aux États-Unis, au massacre de Tlatelolco (Mexique) et aux poings levés gantés de noir sur le podium olympique. Ce Mai 68 « élargi » s’est déroulé de 1965 à 1973 sur tous les continents, avec une intensité variable.

À l’initiative de Jacques Sauvageot, brutalement décédé alors qu’il préparait cette série de rencontres, le Réseau sortir du colonialisme, le Cedetim et l’Institut Tribune socialiste (ITS) ont choisi d’évoquer le cinquantenaire de Mai 68 à partir des Suds [1]. L’objectif est de mettre en lumière le « mouvement mondial de Mai 68 vu des Suds » au cours de la période 1965-1973, afin de comprendre comment ses ressorts profonds, trop oubliés, font encore sens et trace aujourd’hui.

Cette initiative débute par une séance inaugurale le 2 mars 2018 à la Sorbonne, suivie de cinq débats publics au Maltais rouge (40 rue de Malte, 75011) pendant deux semaines, permettant d’approfondir les situations par régions du monde, et d’une séance de clôture le 14 avril au CICP (21 rue Voltaire, 75011).

 Le 2 mars 2018, une séance inaugurale a lieu à l’amphithéâtre Richelieu de la Sorbonne, de 14 h 30 précises à 20 h 30 (ouverture des portes à 13 h 30) :

Le contexte général mondial (modératrice : Valérie Nivelon, journaliste à RFI)

Étienne Balibar : « Des gauches nationales à la gauche globale. »
Gustave Massiah : « 1965-1973, une période révolutionnaire ? »
Bachir Ben Barka : « Les espoirs frustrés de la Tricontinentale. »
Luciana Castellina : « La crise du mouvement communiste mondial. »
Ludivine Bantigny : « L’ influence des mouvements anti-impérialistes des Suds en Europe. »

Les luttes continentales (modératrice : Françoise Blum, ingénieure de recherche au CNRS)

Elias Sanbar : « Palestine, l’ émergence d’un mouvement national. »
Amzat Boukari-Yabara : « Afrique et panafricanisme. »
Catherine Samary : « Pays d’ Europe centrale et orientale et dissidences. » Carmen Castillo : « Amérique latine et luttes armées. »
Abraham Béhar : « Asie, révolutions et réactions. »

Les vecteurs de la révolte (modérateur : Patrick Farbiaz, Sortir du colonialisme)

Michèle Riot-Sarcey : « L’ émergence des luttes de femmes au Nord et… aux Suds ? »
Nils Andersson : « Le rôle des maisons d’ édition alternatives dans la diffusion mondiale des idées d’ émancipation de l’ époque (Feltrinelli, La Cité, Maspero, Wagenbach, Présence africaine…). »
Pap Ndiaye : « L’ influence des mouvements noirs des États-Unis (mouvement des droits civiques, Black Panthers, etc.). »
Serge Audier : « Les différents courants de pensée autour de Mai 68. »
Philippe Artières : « Le rayonnement de Mai 68 dans le monde. »

Du 20 au 30 mars, cinq ateliers régionaux seront consacrés plus en détail aux révoltes et mobilisation de la période 1965-1973 dans les principaux continents, au Maltais rouge, de 18 heures à 22 heures, les 20, 21, 23, 29 et 30 mars.

20 mars : Asie
Alain Roux, Emmanuel Terray : « la Chine, maoïsme et réalités de la Révolution culturelle. »
Alain Ruscio, Romain Bertrand : « l’Asie du Sud-Est, zone des tempêtes (Vietnam, Laos, Cambodge, Philippines, Indonésie…). »

21 mars : Afrique subsaharienne
Héloïse Kiriakou, Alexis Roy, Ophélie Rillon : « l’Afrique francophone (Mai 68 au Sénégal, rôle de la FEANF…). »
Maria-Benedita Basto, Pierre Guidi : « Les luttes de libération des colonies portugaises, l’Éthiopie… »

23 mars : Monde arabe

Malika Rahal, Sophie Bessis, Didier Monciaud : « Mai 68 au Maghreb et en Égypte. »
Leïla Chahid, Marc Pellas : « Palestine et Moyen-Orient, nationalisme arabe et conflit israélo-palestinien avant et après 1968, luttes au Yémen, Oman, Dhofar… »

29 mars : Amérique latine

Sergio Coronado, Miguel Benasayag : « Les influences réciproques de Mai 68 et de la révolution cubaine dans le sous-continent. »
Jean-Baptiste Thomas, Geoffrey Pleyers : « Les luttes dans le Cône Sud et au Mexique. »

30 mars : Les territoires toujours colonisés par la France

Edwy Plenel, Michelle Zancarini-Fournel : « Antilles (Guadeloupe, Martinique…), Guyane, Pacifique… »
Isabelle Merle, Edenz Maurice : « Kanaky, Comores, Réunion… »

 Séance de clôture, le 14 avril au CICP à 14h30

Synthèse des ateliers régionaux par leurs coordinateurs/coordinatrices (14 h 30 à 15 h 30).

Les traces et les effets actuels dans la société française des événements mondiaux de la période 1965-1973 (15 h 30 à 18 h 30) :

Kristin Ross : « Les représentations de Mai 68 dans le monde. »
Robi Morder : « Postérités et devenirs des mouvements étudiants “soixante-huitards”. »
Bernard Dréano : « Le “campisme”, une vision idéologique des questions internationales. »

Ahmed Boubeker : « Les mythes fondateurs des mouvements issus de l’immigration des années 1970 et leur prégnance actuelle. »
Danièle Linhart : « La place du travail et le nouveau mouvement ouvrier. »
François Jarrige : « La critique des dégâts du progrès et de l’illusion technicienne. »
Martine Billard : « La naissance de l’écologie politique. »

L’accès gratuit, mais l’inscription préalable est obligatoire.

– Plus d’informations ici.

En photo : Podium du 200 m des Jeux olympiques de 1968 : poings levés, les Américains Tommie Smith et John Carlos et l’Australien Peter Norman / CC (domaine public) Angelo Cozzi.

Notes

[1Avec le soutien de : fondation IPAM, Fondation Gabriel Péri, Fondation de l’écologie politique, Fondation Copernic, Espace Marx, Centre d’histoire sociale du XXe siècle et Mediapart.