Convergence ?

Droits sociaux : des cheminots, intermittents et paysans tentent de s’unir face au gouvernement

Convergence ?

par Sophie Chapelle

La plupart arborent une croix blanche sur leurs vêtements, symbole des précaires en lutte. Pendant que des cheminots revêtent leur chasuble fluo, d’autres citoyens recouvrent leur visage d’un masque de vache, en écho à la lutte contre le projet de ferme-usine des « 1000 vaches ». Ils sont près de 200 paysans, précaires et cheminots, à s’être donnés rendez-vous le 1er juillet devant le palais de justice de Lyon. A l’appel de la Confédération paysanne de Rhône-Alpes, ils dénoncent « l’acharnement judiciaire dont sont trop souvent victimes les militants syndicaux ». « Le droit de grève et de manifester ne sont pas négociables », lancent les militants présents.

« Six paysans et trois salariés de la Confédération paysanne sont convoqués aujourd’hui (ce 1er juillet, ndlr) au tribunal correctionnel d’Amiens, suite à une action de démontage de la salle de traite des 1000 vaches, rappelle Adrien Mazet, paysan dans la Loire. Nous sommes là pour eux » « C’est un nouvel épisode de cette répression de l’action syndicale, indigne dans un pays démocratique », renchérit une militante du Collectif unitaire 69, créé au printemps par des intermittents du spectacle, des intérimaires et des chômeurs (plus d’infos ici). « Paysans, intermittents, précaires, cheminots, chômeurs, postiers... Solidarité ! », clame t-elle.

Dans le rassemblement, des cheminots insistent sur la nécessité d’une « convergence des luttes » face aux reculs sociaux. « Nous assistons à une offensive sans commune mesure contre les mouvements sociaux avec des réactions à géométrie variable », observe Sébastien Gillet de Sud Rail. La réaction du gouvernement se révèle assez conciliante vis à vis de la frange plutôt droitière, que ce soit avec les Bonnets rouges ou la FNSEA, et apparait démesurée lorsque des militants déboulonnent une salle de traite. Il y a une répression toujours plus grande de celles et ceux qui luttent et refusent les orientations néolibérales de l’Europe et du gouvernement. ».

Pour symboliser cette répression syndicale, l’ensemble des personnes présentes s’allongent en silence sur les marches du palais de justice. L’annonce du report du procès au 28 octobre prochain des neuf militants de la Confédération paysanne, clôt sur une note positive cette action commune. « Nous avions envie de nous rassembler, de montrer que nos luttes sont collectives et que nous nous battons pour les mêmes droits », confie Christine Riba, paysanne en charge de la coordination de cet événement. Des moments de solidarité qui renforcent la détermination des militants, à l’aune de la poursuite du mouvement des intermittents cet été et de la reprise des négociations pour les cheminots à l’automne.