Luttes sociales

Augmentation de salaires et semaine de 28 heures dans la métallurgie allemande

Luttes sociales

par Rachel Knaebel

Le 6 février, après de semaines de négociations et des débrayages suivis par des centaines de milliers de travailleurs, le syndicat de l’industrie allemande IG Metall est parvenu à un accord avec le patronat de la plus puissante région industrielle allemande, qui abrite notamment les sites des groupes Daimler, Porsche ou Bosch.

Le syndicat a obtenu une augmentation de salaire de 4,3 % pour les travailleurs métallurgistes, qui s’appliquera aux 900 000 salariés concernés. Surtout, il a imposé le droit à une nouvelle réduction du temps de travail. Dorénavant, les métallurgistes du sud-ouest de l’Allemagne pourront passer d’une semaine de 35 heures par semaine à temps plein – leur temps de travail légal actuel -, à un temps plein « réduit » de 28 heures par semaine, et ce pour deux ans maximum, mais sans maintien du salaire. En échange, le patronat a obtenu la possibilité de conclure plus facilement des accords d’entreprises pour faire travailler les salariés 40 heures par semaine au lieu de 35.

Plus de 4 millions de salariés potentiellement concernés

« Dans ces négociations, IG Metall s’est battu pour que la question du partage du temps de travail, et de qui en bénéficie, ne soit pas considérée seulement du point de vue d’une flexibilité à l’avantage des employeurs, mais que les travailleurs et leurs besoins soient placés au centre des discussions », communique le syndicat. Toutefois, en échange de la possibilité de cette réduction temporaire du temps travaillé, les employeurs de la métallurgie pourront plus facilement déroger aux 35 heures règlementaires dans le secteur. Cet accord vaut pour l’instant seulement pour la région de Bade-Wurtemberg. Mais l’objectif est de l’étendre à l’ensemble de l’Allemagne. Ce serait alors près de 4 millions de travailleurs de l’industrie qui auraient accès à ce droit à la semaine 28 heures.

La revendication de pouvoir travailler moins pourrait surprendre venant d’une fédération syndicale de l’industrie lourde. Le syndicat industriel IG Metall a depuis longtemps été pionnier dans le mouvement pour une réduction du temps de travail. La métallurgie allemande était passée à la semaine de 35 heures à temps plein en 1995, avant même que la France, sous le gouvernement de la gauche plurielle, ne fasse passer ce principe dans la loi. En 2017, d’autres corps de métier allemands ont porté des revendications de réduction du temps de travail. Lors des négociations salariales du secteur postal, la fédération syndicale des services Verdi a demandé une réduction du temps de travail des postiers à 36 heures par semaine, sans l’obtenir. Les conducteurs de train ont, eux, obtenu la possibilité de passer d’une semaine de 39 à 38 heures.

Photo : CC IG Metall Regensburg