Commerce international

Accord de libre-échange : Macron va-t-il retarder la mise en oeuvre du Ceta ?

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par Nolwenn Weiler

Le 1er mai dernier, Emmanuel Macron a annoncé lors d’un meeting qu’il pourrait reconsidérer sa position sur l’accord de libre échange entre l’Union européenne et le Canada (Ceta). Il s’est engagé à demander à un comité d’experts un rapport sur les conséquences de cet accord sur l’environnement et la santé, avant d’engager la ratification. Celle-ci suppose un vote préalable du Parlement français ou un référendum. Jusqu’alors, il était le seul candidat à l’élection présidentielle ouvertement favorable au Ceta [1].

Les citoyens en lutte contre ce traité ne sont pas très confiants : ils craignent que le comité d’experts ne soit taillé sur mesure pour émettre un avis favorable. Le traité pourrait alors être ratifié au cours de l’été. Le mouvement Stop Ceta (qui réunit des ONG et des organisations syndicales) exige une consultation « impliquant réellement les citoyen(ne)s avant la ratification du traité par la France » et a lancé une pétition pour « faire échouer la ratification par la France ». Un questionnaire a été mis en ligne pour les candidats aux élections législatives. Il leur propose d’afficher publiquement leur avis sur ce traité de libre-échange.

Retarder l’application de l’accord ?

Pour le moment, seule la Lettonie a ratifié le texte, qui a été approuvé par le Parlement européen le 15 février 2017, après huit années de négociations. Il manque donc encore 27 ratifications par les États-membres pour que l’accord entre complètement en vigueur. Durant cette phase de ratifications nationales, qui peut durer plusieurs années, la majeure partie du Ceta fera l’objet d’une « application provisoire », à partir de cet été. Il n’y a pas de date limite concernant cette application provisoire qui peut durer indéfiniment ! [2]

Selon l’organisation non gouvernementale les Amis de la Terre, Emmanuel Macron pourrait retarder cette entrée en application provisoire de l’accord, par une intervention au Conseil européen, en attendant notamment de lever tous les doutes sur sa compatibilité avec la Constitution française. En France, une centaine de députés ont saisi le Conseil constitutionnel en février pour vérifier cette compatibilité. La réponse est attendue au début de l’été. Si le texte est jugé inconstitutionnel, il faudra soit l’abandonner, soit rouvrir les négociations, soit modifier la Constitution. Que fera alors Emmanuel Macron, qui estimait à l’automne dernier que le Ceta « améliore objectivement les choses dans notre relation commerciale avec le Canada » ?

 Plus info : Point d’étape sur le processus de ratification du CETA

 Notre dossier Traités de libre-échange : les multinationales contre la démocratie ?

Notes

[1Sur la position d’Emmanuel Macron vis à vis du Ceta, voir cet article du quotidien Le Monde

[2L’Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce (GATT) de 1947, par exemple, est resté en application provisoire jusqu’à un nouvel accord en 1994.